C’est un petit traitement de choc «science & humour» que propose le Muséum avec ce modèle de vampire exposé au 1er étage. Les chauves-souris ont longtemps alimenté nos peurs animalières parmi les plus profondes. Livres fantastiques, films d’horreurs, jeux vidéo orientés «100% frissons» sont peuplés de diables ou de dragons à ailes de chauves-souris, de vampires au regard langoureux, de héros chauves-souris dotés d’une force surhumaine ou d’essaims vous attaquant en escadrilles. Heureusement, rien n’est plus facile que de remettre l’église au-milieu du village.
Cette maquette géante et spectaculaire de plus d’un mètres de hauteur a été fabriquée avec talent par les ateliers de taxidermie du Muséum à l’occasion de la grande exposition sur les chauves-souris «Bats : un monde à l’envers» en 1996-1997. Elle est restée dans la galerie permanente car elle permet de dégonfler de manière étonnante le mythe des chauves-souris vampires.
Sur les plus de 1400 espèces de chauves-souris dans le monde, il en existe en effet trois qui se nourrissent exclusivement de sang (espèces hématophages), dont le Vampire d’Azara Desmodus rotundus présenté ici. Beaucoup de personnes imaginent que ces chauves-souris – exclusivement originaires d’Amérique du Sud – sont nécessairement immenses, féroces et terrifiantes, à l’image de ce modèle géant. Or le vrai Vampire d’Azara, exposé dans la galerie à côté de la maquette, est en réalité treize fois plus petit ! La taille de son corps n’excède pas 9 cm pour un poids compris entre 20 et 40 g. Désolé si la réalité n’est pas à la mesure de vos peurs !
Ce besoin de peur et de craintes est tellement puissant qu’il a même trompé les dictionnaires jusque dans les années 1960. Ce n’est qu’à ce moment que le mot vampire, faussement défini comme une «grande espèce de chauve-souris d’Amérique du Sud» a été corrigé en «petite espèce de chauve-souris d’Amérique du sud». Bon sang, mais c’est bien sûr!